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dimanche 19 février 2017

JEAN-LUC CASAMIAN de Toulouse




Textes et Illustrations de 
Jean-Luc CASAMIAM
de Toulouse.
LA GERBE

     11 novembre 19…, Monument aux Morts de Soual. Les Anciens Combattants sont là, avec toutes leurs médailles multicolores. Presque tout le village est présent, pâle et souvenant, et debout face aux noms gravés des tués de la Grande Guerre. Moi écolier, mon instit m’a choisi pour déposer la gerbe. C’est une gerbe rouge. Je ne me souviens plus ce qu’étaient ces fleurs (leurs formes ? leurs noms ?) sauf qu’elles étaient rouges.  Je porte un imper clair acheté pour l’occasion. Je tiens la gerbe rouge tout contre moi et, désastre ! la partie hypogastrique de mon imper s’en enrougit très vivement et très visiblement !                                                                                                                                        
Ainsi je donnai mon sang à la patrie. Moi le fils de métèque, je devins français par le sang versé.

(Le 25 janvier 2017)



MEDUSES
      On signale des femelles pas loin d’ici, précisément à la terrasse (ombragée) du Café du centre !  Illico nous pissons contre les murs et, pissant, nous dessinons des méduses sur les murs. Nous pissons contre la devanture de l’épicerie. Nous pissons contre la vitrine de la boulangerie. Nous pissons contre la façade du notaire. Nous pissons, etc. C’est-à-dire à peu près partout.
      La chaleur est exténuante, le ciel fauve, la lumière rousse.
      Enfin, pissant-pissant, tout-pissant, nous arrivons au Café du Centre, Baou ! Les femelles ont disparu ! Illico nous refermons nos braguettes et nous restons là, médusés, vagues et vaseux, sans parler, sans bouger, sans ciller, et nous disant que nous n’avons de vraiment à nous que les méduses que nous avons dessinées sur les murs de notre village. Notre signature de jeunes chiens.
(Le 26 janvier 2017)


 GUERRE

Au Chemin des Dames, sa jambe droite était partie aux cent diables. Et sa gueule, la moitié gauche était partie aux alouettes.
     Tous les après-midi, il pilonnait de ses béquilles la Rambla de Gaillac avec d’autres vétérans tout aussi amochés que lui.
     Ne parlaient que de leur guerre, la Grande Guerre, la guerre de 14-18. Etaient dedans, n’en étaient jamais sortis, n’en sortiraient jamais. Ils étaient LA GUERRE.
     Moi, môme, je les observais toutes ces moitiés de mecs et je demandais quand j’aurais droit à ma mienne guerre et qu’est-ce que j’y perdrais comme membre et que ça m’empêcherait sans doute de jouer au ping-pong. Définitivement. Zut alors !
(Le 23 janvier 2017)
Les vignettes sonores ont été choisies, pour Jean-Luc Casamiam, avec soin par S.O.D.A 2017.

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